Didier
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Didier Debril est né le 18 juin 1947 à Paris, dans le 15e arrondissement, au pied de la Tour Eiffel, une naissance marquée par une quatrième génération de parisien. La famille n'est pas musicienne, mais on écoute Georges Brassens, Mozart et surtout Beethoven dont son père, ingénieur, chef du laboratoire de Métallurgie Boudet et Dussaix est particulièrement amateur. Mais le rock est totalement absent, proscrit même, tout comme le port du Jeans. Le rock, Didier Debril, alors en internat, le découvrira via la première émission à la télévision avec Johnny Hallyday. Dès lors, dès 1960-1961, et conjointement avec sa cousine Catherine, chez les grands-parents, les disques 45 tours et albums des "Yéyé" puis des Beatles, des Rolling Stones, seront joués sur un imposant poste de radio doté d'un tourne-disque Teppaz.
Didier acquiert ainsi une solide connaissance de la musique Rock et de la Pop Musique, de son évolution avec les groupes anglais Animals, Them, Pretty Things, Troggs, WhoYardbirds, etc. 1966, c'est l'achat et l'apprentissage de la guitare, de la sortie durant l'été d'un numéro Hors Série de Jazz Hot, Rock & Folk.  Un titre qui deviendra un magazine à part entière dès le premier numéro de novembre 1966. Didier Debril commence à s'intéresser au mouvement de la Contre-Culture qui voit le jour en Angleterre et aux Etats-Unis - notamment avec les artistes underground, de l'Acid Rock, du développement de la Free Press  - et qui trouvera dans la revue Actuel créée par Jean-François Bizot un support médiatique important.
A 21 ans, l’année 1968 est riche musicalement pour Didier Debril qui découvre entre autres Jimi Hendrix sur scène le 30 mai à Zurich lors du festival «Monster Konzert», puis la vie musicale à Londres durant cet été là. Il voit son jeu de soliste - à la Chuck Berry - dans un groupe rock obscur se transformer à l’écoute de Cream, Pink Floyd, Soft Machine.
 
Dès 1969, alors qu’il est technicien métallurgiste au laboratoire de la Snecma à Gennevilliers, il expérimente avec son premier magnétophone, mélangeant sons électroacoustiques et ceux de sa guitare en distorsion et autres échos. En 1970, il rejoint le laboratoire de Creusot-Loire et devient correspondant de la rubrique culturelle du Progrès et du Dauphiné du Creusot.
Parallèlement, il anime tous les mois au centre d’Action Culturelle du Creusot (l’ARC) l’Heure de Musique actuelle de Didier Debril. Une animation remarquée par Francis Jeanson, philosophe, responsable des Réseaux Jeanson durant la guerre 'Algérie, ancien directeur des Temps Modernes, et alors directeur de la Maison de la Culture en préfiguration de Chalon-sur-Saône. Francis Jeanson l’incite à se présenter au concours National d’Animateur Culturel organisé par le Ministère de la Culture. Retenu avec huit autres stagiaires, il entame une formation de 16 mois (septembre 1971 - décembre 1972) en effectuant notamment un stage d’électroacoustique au GMEB de Bourges et un mois en tant que stagiaire au Centre d'Action Culturelle de Châteauvallon durant tout le mois d’août 1972.
Une occasion pour lui d'animer une rencontre avec des compositeurs de musique contemporaine, dont Michel Decoust, d’accueillir et de passer une journée avec Soft Machine puis d’intégrer l’équipe du festival de jazz de Châteauvallon.
 
Il entre ensuite à la Maison de la Culture de Créteil dirigée par Jean Négroni (le récitant dans Apocalyse de Jean de Pierre Henry) dans l’équipe musicale animée par Louise Arseguet. Marqué par l’action d’Annecy Jazz Action, il crée le Jazz Pop Action Compiègne. Le Jazz Pop Action sera avec les Jazz Action de France à l’origine de la création du Rézo Zéro, une structure permettant de programmer des groupes ou des musiciens à un prix compétitif. Ce fur le cas avec le concert de Hatfield and the North, les Percussions de Strabourg, de la venue en résidence du groupe de jazz d’Annecy X-Tet, etc.
 
A Mulhouse, après un passage à l’AMC, il crée la revue Ozone avec une quinzaine de jeunes gens (moitié filles et garçons), écrit des textes pour le groupe rock DS Gang. Après quelques directions d’équipements socioculturels, il prend en charge le centre culturel Max Dormoy en 1980 à Lille où il accueille Léo Ferré durant trois soirées et programme Sun Ra au Palais des sports. Il accueille Cure dans le cadre d’un concert organisé par l’animateur de Fréquence Nord Pierre François Debieuvre.
Didier convainc Maurice Fleuret, directeur du Festival de Lille (et futur directeur de la Musique au Ministère de la Culture sous Jack Lang) de recevoir Pierre Boulez et la Station Musicale 4X de l’Ircam à la MLE.
Les contacts sont noués avec l’Ircam, et Didier, sur invitation de Todd Machover, suit régulièrement les colloques organisés à l’Ircam. En même temps, correspondant au Matin de Paris, il interviewe Iannis Xénakis et surtout, il passe une journée entière chez Iannis Xénakis pour un reportage pour Fréquence Nord avec Pierre François Debieuvre.
 
 
En 1981 il passe directement de la bande magnétique à l’informatique musicale en intégrant le stage d’été de 40 jours de l’IRCAM. Cet univers de recherche/expérimentation l’a profondément marqué au point de continuer à travailler avec les logiciels du forum Ircam comme Open Music ou Super VP Trax, Max, et aujourd'hui Opusmodus, logiciel de Composition Assistée par Ordinateur (CAO) de Janusz Podrazik .
En 1984 il entre comme journaliste au Courrier Picard où, à côté de son travail en agences, il suit le festival de jazz d’Amiens, couvre le 60e anniversaire de Pierre Boulez à Pleyel à Paris, interviewe plusieurs fois Pierre Henry. Il sera même détaché de la rédaction durant 3 mois au printemps 2000 pour préparer un spectacle musique/images 3D à l’occasion du 60e anniversaire du Courrier Picard.
 
Passionné par les nouvelles technologies, Didier aime travailler ses créations expérimentales avec des artistes plasticiens, comédiens/metteurs en scène, poètes, dont Gilbert Desmée, Jean-Louis Rambour ou le québécois Claude Beausoleil, sans oublier le cinéma avec la cinéaste Patricia Bardon, le duo Hplank, les mises en musique de La Grande Bleue à Abbeville (hommage à l’oeuvre vitrail d’Alfred Manessier), des dessins de guerre de Fernand Léger et de l’Historial de Péronne.
A la fin du mois de juin 2010, il part en retraite de son métier de journaliste au Courrier Picard. Il en profite pour accomplir un de ses rêves qui datait du stage de l'Ircam en 1981 quand Morton Subotnick avait présenté son synthétiseur Buchla : acquérir un Buchla 18 éléments. Ce synthétiseur Buchla sera une des bases pour la création de l'album Intersection-Synthèse avec Bernard Reeb.
 
En retraite, Didier Debril profite de cette liberté pour approfondir ses connaissances théoriques en musique, pour commencer à écrire des partitions plus instrumentales et avec la volonté de comprendre la structure de la musique contemporaine instrumentale. Et c'est lors d'une recherche d'une documentation approfondie sur ce sujet qu'il découvre dans l'imposant livre de Célestin Deliège - Cinquante ans de Modernité Musicale, de Darmstadt à l'IRCAM, Contribution historiographique à une musicologie critique - une évocation de la Set Theory et des Ensembles de Classes de Hauteurs (ECH ou Pitch-Classes) dans une note sur la notation de Structure Ia de Pierre Boulez.
Célestin Deliège évoquait une notation numérique modulo 12 de la gamme chromatique où 0 = Do, 1 = Do#/Réb, 2 = Ré, 3 = Ré#/Mib, 4 = Mi, 5 = Fa, 6 = Fa#/SolB, 7 = Sol, 8 = Sol#/Lab, 9 = La, 10 = La#/Sib, 11 =S, avec une propriété particulière conjointe d'avoir une équivalence d'octave et enharmonique. Une notation qui peut s'inscrire dans un cadran d'horloge ou dans un cercle chromatique de 0 à 11. Et qui avec le choix du 0...11 plutôt que 1...12 (utilisé pour noter l'ordre des hauteurs dans série dodécaphonique) permet aussi, outre la localisation de la hauteur, celle de l'intervalle. C'est aussi une notation utilisée très majoritairement dans les ouvrages et autres communications des musicologues dans les analyses musicales contemporaines.
 
Pour Didier c'est réellement une découverte et le pressentiment que l'étude de la Set Theory lui donnera des clés pour comprendre la musique contemporaine instrumentale. D'autant que les bases de la Set Theory développée par Allen Forte (mais initiée par Milton Babbit) dans son livre "The Structure of Atonal Music" pouvaient être étudiées très concrètement avec les outils natifs d'Open Music puis d'Opusmodus. De plus, le chercheur et mathématicien Andréatta Moreno de l'Ircam avait eu le bon goût d'écrire de nombreux textes très pédagogiques et mis en ligne sur le Net sur la Set Theory. Il s'en suivra pour Didier une étude approfondie sur cette théorie à partir d'ouvrages fondamentaux sur celle-ci de chercheurs comme Georges Perle, John Rhaw, Richard Cohn, Michel Schujer, David Lewin, et qui se concrétisera par plusieurs écrits dès 2012, par des analyses, et une contribution destinée à l'Ircam sur l'identification des séries de l'Opus 22 d'Anton Webern avec les outils d'Open Music (puis retranscrit pour Opusmodus). C'est aussi, grâce à la thèse de Stephen Heinemann "Pitch Class Set Multiplication in Theory and Practice", la résolution du "mystère" de la multiplication d'accords de Pierre Boulez.
Aujourd'hui, Didier Debril a renouvelé  l'équipement de son "Home Studio" avec l'apport de plusieurs synthétiseurs analogiques et qui complètent son vaste parc d'instruments virtuels. Avec l'implantation au Tréport de la Galerie d'Art Résonances et animée par Sylvie Henrot, Didier a ajouté à ses projets des reportages vidéos sur les artistes qui exposent mais aussi un travail de recherche sur les possibilités de collages via les transparences avec pour objectif des créations associant la musique et la vidéo.